Dans
le premier article c'est le fondateur Morihei Ueshiba en temps que
source de l'aïkido qui est évoqué : il n'a jamais jugé utile de
mettre au point quelques méthodes standardisées que ce soit pour transmettre
son savoir, ni nomenclature de techniques, ni kata. Il détestait la forme, ne
voyant dans les techniques que la résultante ponctuelle d'un ensemble de
principes qui eux sont immuables. Pour lui l'enseignement ne pouvait passer que
par kuden, l'enseignement d'individu à individu. Dans cette logique, pas de
passage de grade formalisés, il évalue ses élèves selon un contrôle continu
avec des critères qui lui sont propres, notamment en testant lui même en
situation de pratique les capacités de ses uchi deshi à lire ses intentions, à
gérer une technique en temps qu'aïté.
Le deuxième article retrace les difficultés, parfois les déboires
et certainement les désillusions des uchi deshi envoyés par le fondateur pour
diffuser l'aïkido en France : Tadashi ABE, Mutzuro NAKAZONO,
Massamichi NORO et Nobuyoshi TAMURA tous ont tant bien que mal essayé d'adapter
et de préserver l'enseignement qu'ils avaient reçu. On pourrait penser que la
situation actuelle, un aikido fragmenté en de multiples courants, est le
résultat d'un échec des ushi deshi parce qu'ils n'auraient pas su s'adapter
d'une part aux différences culturelles entre la France et le Japon et d'autre
part aplanir les querelles d'égo et de pouvoir.
En réalité il faut voir dans cette diversité des pratiques une richesse
qui est le reflet de la nature plurielle de l'aïkido et avoir conscience qu'une
unification conduirait de manière certaine à un nivellement par le bas, à un
appauvrissement de la discipline.
Pour préserver cette diversité, il faut se mettre en capacité de s'approprier un trait de la culture Japonaise qui consiste à penser que la pluralité des valeurs et des pensées est une richesse qui contribue à la vérité absolue : être capable de coexister paisiblement et chacun peut s'il le souhaite collaborer avec l'autre, et concourir à l'entretien et à l'enrichissement de l'ensemble.
Malheureusement dans la société actuelle la tendance est plutôt à la
normalisation et à la standardisation, pour l'aïkido en temps qu'activité
physique le risque est de perdre son originalité en adoptant les codes des
activités sportives. Qualifier l'aïkido de sport n'est pas neutre, il est
important de bien discerner quelles sont les différences entre sport, activité
physique et art.